Imagination et Histoire: enjeux contemporains
           Appel à contribution (publié sur Fabula)
            Date limite : 15 décembre 2011
   Appel à communication / Call for papers
   Colloque international « Imagination et Histoire : enjeux contemporains »
   22-23-24 novembre 2012
   ENS de Lyon
    
   « L'historien reconnaît sa parenté avec l'artiste. »
   Dilthey, L’édification du monde historique dans les sciences de l’esprit.1
   « La manière dont on imagine est souvent plus instructive que ce qu'on imagine. »
   Gaston Bachelard, La Psychanalyse du feu2
    
   Le laboratoire junior Imag'His, le LARHRA (Laboratoire de recherche  historique Rhône-Alpes, UMR 5190) et le GRAC (Groupe Renaissance et Age  Classique, UMR 5037) organisent avec le soutien du CERCC (Centre  d'Etudes et de Recherches Comparées sur la Création, EA 1633) un  colloque international à l'École Normale Supérieure de Lyon les 22, 23  et 24 novembre 2012. Conçue comme une étape importante dans le parcours  de deux séminaires de recherche menés en collaboration à l'ENS de Lyon  et à l'Université Lyon 2, cette manifestation a pour ambition de  dépasser la question des rapports entre littérature et histoire en  adoptant comme fil conducteur la notion d'imagination, entendue au sens  de faculté créatrice.
   La perméabilité problématique des frontières entre histoire et  littérature fait l'objet en France d'une actualité scientifique très  riche, comme en témoignent les numéros récents du Débat (« L'histoire saisie par la fiction », mai-août 2011) et de Critique  (« Historiens et romanciers. Vies réelles, vies rêvées », avril 2011)  ou encore le dossier critique « Faire et refaire l'histoire » d'Acta Fabula (juin-juillet  2011) qui rend compte des nombreuses publications consacrées à ce sujet  en 2010. L'essentiel de la discussion reste cependant centré sur la  représentation de l'histoire dans le roman et sur l'usage du récit dans  le champ des études historiques : l'enjeu du dernier numéro du Débat  est ainsi introduit en ces termes : « La fiction s'empare des faits; la  science des faits s'interroge sur ses rapports avec la fiction, quand  elle n'est pas tentée d'expérimenter ses procédés. »3.
   En posant la question de l'imagination, il s'agira alors de  s'interroger sur ce qui, à notre sens, sous-tend le débat actuel tout en  restant son informulé : à savoir la place de l'imagination créatrice  dans le « métier d'historien » et les évolutions à l'œuvre aujourd'hui  au sein de l'écriture scientifique de l'histoire4,  mais aussi la nature de l'imagination artistique et sa capacité à dire  la vérité de l'Histoire. On sait la vivacité du débat qu'a suscité dans  les media français en 2010 la publication du Jan Karski de  Yannick Haenel, lequel invoqua la liberté inaliénable de l'artiste et de  son imagination en réponse aux critiques de Claude Lanzmann, qui  l'accusait de falsifier l'Histoire. En revanche, nul n'a semblé  considérer comme un attentat à la vérité historique le fait que Pierre  Michon, dans Les Onze, ait fait passer pour véritables un tableau  imaginaire et des citations de Michelet elles aussi inventées. Faut -  il alors souscrire à la formule de Pierre Nora et considérer l'écriture  romanesque comme « celle à qui tout est permis, à qui tout est même  demandé »5 à  partir du moment où elle affiche sa fictionnalité ? Peut-être faut-il  plutôt supposer que le procédé passe inaperçu chez Michon car il ne  touche pas au même pan de la mémoire collective. Est-ce à dire alors  qu'il n'y a pas d'enjeu de mémoire dès lors que l'imagination s'empare  de l'Histoire ? Il nous semble que cette question et d'autres méritent  d'être posées aussi bien dans le champ des études historiques que dans  celui de la littérature. Nombre de romanciers s’attachent par ailleurs à  briser de manière intéressante, mais problématique, les frontières  disciplinaires.6
   On s'attachera en outre à ne pas se limiter à ces champs d'analyse,  mais à étendre notre réflexion aux arts visuels et aux media, domaines  où les habitudes de perception historique ont été bousculées récemment  de la manière la plus évidente. Nous nous intéresserons ainsi au cinéma  qui réécrit l’Histoire (Inglorious Basterds) ou en imagine la Fin (Les Fils de l'Homme),  mais aussi à la télévision, qui brasse à l’écran jeux de fiction et  images d’archives dans une production contemporaine florissante de  téléfilms historiques et de docufictions. L’ouverture de la connaissance  du passé à un large public se réalise ainsi sur le mode d’une  « histoire divertissement », dont certains déplorent qu’elle « soit  désormais la principale source de connaissance prétendument historique  pour la majeure partie de la population. »7  . Par sa puissance évocatrice et sa capacité à susciter une  identification immédiate, l’image interroge en effet avec force « cet  entrelacement du vrai, du faux et du fictif qui forme la trame de notre  présence au monde », selon la formule de Carlo Ginzburg8 et  pose des enjeux éthiques considérables que l'on s'efforcera d'intégrer à  une réflexion plus large sur la fabrication de nos imaginaires  historiques. Le rôle des éditeurs et producteurs sera également à  prendre en compte dans la mesure où il réfléchit et préside aux  conditions de réception des œuvres. 
   Nous proposons quelques pistes de réflexion qui ne sont pas exhaustives :
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    l'imagination de l'historien ; l'imagination artistique vs l'imagination scientifique
   -    
    les formes de fiction historique (roman historique, roman de jeunesse, uchronie, fiction apocalyptique)
   -    
    l'emploi du récit dans l'écriture de l'histoire
   -    
    l'historien et la tentation du littéraire
   -    
    l'histoire au cinéma, à la télévision (film historique, docufiction, série télé)
   -    
    la puissance de la fiction dans la construction d'un savoir propre sur le passé
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    la fabrication des imaginaires : mythes et fables historiques
   -    
    la vulgarisation historique : les enjeux éditoriaux
   -    
    la déformation de l'histoire; la responsabilité de l'historien et du romancier dans la représentation du passé
   -    
    la construction et l'impact de l'image
   
    Les propositions de communication (300 mots maximum) sont  attendues pour le 15 décembre 2011 au plus tard. Elles devront être  envoyées sous format word, accompagnées d'une brève notice biographique,  à colloqueimaginationhistoire@gmail.com
   Les communications pourront être faites en français ou en anglais.
   Comité d'organisation : Matthieu Devigne (Paris IV), Monica Martinat (Lyon 2), Pascale Mounier (Lyon 2), Marie Panter (ENS de Lyon)
   Comité scientifique : Michèle Clément (Lyon 2), Eric Dayre (ENS  de Lyon), Matthieu Devigne (Paris IV), Bernard Hours (Lyon 3), Monica  Martinat (Lyon 2), Pascale Mounier (Lyon 2), Marie Panter (ENS de Lyon)
   http://imaghis.ens-lyon.fr/
   ENS de Lyon
   Site Descartes
   15 Parvis René Descartes
   BP 7000
   69342 Lyon cédex 07