Organisé par l'Institut du Monde Anglophone, Université Sorbonne nouvelle - Paris 3, les 8 et 9 juin 2012.
Argumentaire :
Le Comité organisateur du Colloque international intitulé « Nancy Huston : le soi multiple », qui aura lieu à l’Université Sorbonne nouvelle les 8 et 9 juin 2012, sollicite des propositions de communications. Cette manifestation, organisée au sein de l’Institut du Monde Anglophone, s’inscrit sous l’égide des actions Marie Curie du Septième programme-cadre (7ePC) de l’Union européenne.
Nancy Huston, à l’instar de Samuel Beckett, figure parmi les rares écrivains qui se sont auto-traduits. L’auto-traduction, dont le statut est difficilement définissable, est l’une des formes de traduction les plus complexes et les plus intéressantes, car elle révèle l’aspect de création au cœur même de l’acte du traduire. La pratique de l’auto-traduction dans les deux sens de Nancy Huston, en confondant langue maternelle et étrangère, vient subvertir les catégories établies de l’original et de sa traduction, mettant ainsi en jeu le rapport à l’étranger ou les problèmes de l’identité et de l’altérité. Aussi cette écriture entre deux langues nous invite-t-elle à nous interroger sur nos pratiques et nos représentations de l’écriture et de la traduction.
Ce colloque se propose d’examiner différents thèmes de l’œuvre de Nancy Huston en lien avec sa pratique de l’auto-traduction, en particulier la question du rapport à la langue maternelle et celle de la fidélité-trahison en traduction. Il conviendra également de s’interroger sur sa relation au féminisme (pensons à son hommage à Annie Leclerc) et à certaines grandes figures féminines, telles Jocaste, ainsi que sur les thèmes du corps, de la maternité, de la création-procréation (Journal de la création), de la sexualité ou de la pornographie (Infrarouge, Mosaïque de la pornographie) qui traversent l’œuvre entière. L’expérimentation linguistique de l’auto-traduction remet en question non seulement les catégories traditionnelles de la traduction, celle-ci étant d’ordinaire subordonnée à l’oeuvre originale, mais aussi les relations entre production et reproduction constitutives des relations de pouvoir entre les sexes. La question de l’identité personnelle ou collective s’ouvre alors sur celle des masques et des identités multiples, incarnées de manière emblématique dans la figure de Romain Gary. La langue d’exil, pour Nancy Huston, apparaît comme le lieu privilégié d’une invention de soi, mais la romancière célèbre aussi les pouvoirs de la littérature de repousser les limites du soi. En quête de sens, auteurs et traducteurs seraient engagés dans un travail infini de traduction, si bien que c’est toute l’expérience humaine, pour Nancy Huston, qui s’inscrirait dans les termes d’un paradigme de la traduction.
Parmi les axes de réflexion proposés en lien avec l’œuvre de Nancy Huston figurent les thèmes énoncés ci-dessous.
1. L’auto-traduction
Ø Le processus de l’auto-traduction et le rapport à la langue maternelle
Ø Le statut de l’auto-traduction
Ø La question de la fidélité-trahison en traduction, fidélité à qui, à quoi ?
Ø Les « frères » bilingues : Samuel Beckett, Romain Gary
2. Le féminisme, le corps et la maternité
Ø Le rapport au féminisme et les conditions de possibilité d’un rapport féminin à l’écriture
Ø Les thèmes du corps et de la maternité, création et procréation
Ø Le corps et la sexualité
Ø Le thème de l’enfance
3. La question de l’identité personnelle ou collective et des identités multiples
Ø Le leurre de l’identité : « être un, coïncider avec soi-même » ?
Ø S’inventer autre
Ø Le thème du masque
4. L’exil et l’étranger
Ø La langue d’exil
Ø Le rapport à l’étranger
Ø La dialectique du même et de l’autre au cœur de la traduction
Ø L’entre-deux langues de l’auto-traduction : une façon de rester à « la marge »
5. Le rôle de l’écrivain, de la littérature et de la traduction
Ø L’éloge de la littérature et de la traduction
Ø La fonction de l’imagination
Ø Le paradigme de la traduction et le sens de l’existence
Les propositions de communications (un résumé d’une demi-page en français ou en anglais), ainsi qu’un court CV indiquant l’affiliation professionnelle et trois publications récentes, sont à adresser pour le 15 octobre 2011, date butoir, à Jane Wilhelm (janewilhelm@bluewin.ch et jane.wilhelm@univ-paris3.fr), ainsi qu’à Pascale Sardin (pascale.sardin@univ-paris3.fr).
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