25 octobre 2008

Soutenance de thèse : Chloé Laplantine

Chloé Laplantine soutiendra sa thèse : Emile Benveniste : poétique de la théorie. Publication et transcription des manuscrits inédits d'une poétique de Baudelaire, le vendredi 28 novembre 2008 à 14h30 (salle D010).

Directeur de thèse :
Gérard DESSONS, Professeur à l'Université Paris 8

Jury :
Gérard DESSONS, Professeur à l'Université Paris 8
Pierre ENCREVE, Professeur à l'EHESS
Henri MESCHONNIC, Professeur émérite à l'Université Paris 8
Christian PUECH, Professeur à l'Université Paris 3

Dans une liste d' “articles promis”, listes dont Benveniste avait l'habitude, nous lisons ceci : “Langages / (la langue de Baudelaire)”. Cet article, Benveniste ne le publiera jamais. Nous ne connaissons pas la raison de cela. Mais nous découvrons, à travers les nombreux manuscrits que cette recherche a laissés, que cette poétique qu’il était en train d’écrire, engageait pour lui une transformation du regard, ce qu’il appelle une « conversion du point de vue ». Le langage poétique est pour Benveniste le point de vue qui permet la critique du langage ordinaire, c’est à dire d’une conception réaliste qui réduit la langue à un usage référentiel, communicationnel et pragmatique. La thèse rend publiques les manuscrits inédits de cette poétique (370 feuillets), en donne la transcription dans son intégralité, et en propose une première analyse. Une partie de la thèse s’intéresse également au concept d’« inconscient » chez Benveniste et en montre l’importance et l’enjeu pour une anthropologie. On voit de quelle manière Benveniste poursuit les travaux de Bréal, de Saussure, de Boas, de Sapir et de Whorf. On montre que ce problème de l’inconscient permet à Benveniste de formuler une critique de la psychanalyse freudienne, et de manière plus vive encore, du structuralisme de Lévi-Strauss. On essaie enfin de montrer que cette réflexion à propos de l’inconscient chez Benveniste est indissociable du projet d’une poétique.

17 octobre 2008

Séminaire Actualité critique : 18 oct.

La réunion de rentrée du Séminaire Actualité critique, séminaire de formation doctorale ouvert à tous les étudiants (masters et doctorats) de Littérature anglaise à Paris 8, se tiendra samedi 18 octobre, 10h-13h.

Il s'agit de faire le tour de toutes les informations administratives, pratiques, et pédagogiques, qui vont cadrer le travail de l'année pour tous. Points abordés :
. rappel des principes de la recherche en études littéraires anglaises ; comment commencer une recherche (orientation bibliographique, en particulier). Pour préparer ce point en amont, vous pouvez consulter le "Guide du doctorat", en ligne. (Un "Guide du master" est en cours d'élaboration, mais pour l'instant je recommande la lecture du "Guide du doctorat" pour les étudiants de M).
. rappel des règles de cursus (recherche individuelle, et séminaires et cours théoriques - au niveau M et au niveau D), et des calendriers
. panorama de l'environnement de la recherche et de la formation à la recherche à Paris 8 - présentation du Texte étranger, du programme du groupe pour 2008-2009, calendrier des doctoriales
. fonctionnement et calendrier du séminaire de formation doctorale - le séminaire "Actualité critique".
. établissement du calendrier des travaux

mais aussi :
. fonctionnement du blog du "séminaire virtuel" (http://te-doctorants.blogspot.com/), qui prolonge l'espace de travail commun au-delà des séances en réunions collectives à Paris 8. Présentation des outils de recherche en ligne sur le blog.
. formation technique à l'utilisation du blog - nous utiliserons l'ordinateur du DELA. C'est très simple, donc rapide.

Nous gardons l'idée de faire suivre la réunion d'un pot amical, chacun apportant quelque chose à contribuer à un petit buffet (boissons et "finger food"). Je me charge de tout ce qui est verres, serviettes etc.
N'hésitez pas à me contacter pour toute question.
CJ

Séminaire Diversité des langues : 22 oct.

Le séminaire "Diversité des langues et poétique de l'histoire", collaboration entre IndeA (Rennes 2), Le texte étranger (Paris 8) et Polart, reprend le fil de son programme 2007-2009 : "Quelle 'société de la connaissance' ?". L'argumentaire est téléchargeable sur le site Polart.

En ce début d'année universitaire 2008-2009, quelques changements ont lieu. Emilienne prend la direction d'un centre de recherches international à New York ; IndeA devient le Centre d'études postcoloniales, et poursuit son travail, malgré la distance qui complique un peu les choses, avec Le texte étranger.

La première séance du séminaire aura lieu le mercredi 22 octobre, 18h, à Paris 8 (rendez-vous salle B 344).

A un moment où le CNRS est en pleine réforme, et où les chercheurs en Sciences humaines et sociales luttent pied à pied pour affirmer leurs disciplines, l'affinité de notre réflexion sur la diversité des cultures, et d'une réflexion sur l'insitutionnalisation des modes de savoirs, est encore plus criante. L'un des chantiers, ou faudrait-il dire champs de bataille, qui illustre au mieux cette proximité théorique, est celui de la scientificité des humanités, et de la place en leur sein ou non, des sciences dites "cognitives". L'énoncé même de la question: faut-il "sauver" les sciences humaines en adoptant la règle universalisante de l'expérimentation comme seule validation de la démarche scientifique --- pose celle de la culture institutionnelle, et simultanément, des cultures et des langues. Pose la diversité des cultures comme un problème pour le scientifique dans son rapport avec le politique.
C'est donc sous l'impulsion de nouveaux projets de coopération internationale avec l'Inde et les Etats-Unis, dans l'optique de ce travail sur la Diversité des langues, que nous souhaitons vous proposer une première réunion du séminaire.

Programme de la séance : Claire Joubert et Emilienne Baneth présenteront leurs travaux et perspectives de recherche. Lise Guilhamon et Laetitia Zecchini présenteront (sous réserve) leur expérience du système des éditions universitaires française et de la place qu'il laisse à un savoir comparer. Nous profiterons également de cette réunion pour dessiner le programme de l'année.

Nous vous prions de nous excuser de vous prévenir un peu tard de la date et de l'heure, qui coïncident avec les seules dates possibles pour le passage d'Emilienne Baneth à Paris la semaine du 20 octobre 2008 -- et nous réjouissons de reprendre ces travaux avec vous.

Emilienne Baneth et Claire Joubert

Booker Prize 2008 : Aravind Adiga

je transmets cette information sur l'attribution du prix littéraire Man Booker Prize 2008 :

Aravind Adiga has been named the winner of the £50,000 Man Booker Prize for his novel The White Tiger.
Announced on 14 October at an awards ceremony at Guildhall, London, Adiga became the fourth debut novelist to win the coveted prize.
Shortlisted runners-up Steve Toltz, Linda Grant, Philip Hensher, Amitav Ghosh and Sebastian Barry each received £2,500 with all authors, including Adiga, also receiving a designer-bound edition of their book.

Head of judges, Michael Portillo commented: "The judges found the decision difficult because the shortlist contained such strong candidates. In the end, The White Tiger prevailed because the judges felt that it shocked and entertained in equal measure."

15 octobre 2008

Salman Rushdie à Paris

information transmise par LB :

Débat avec Salman Rushdie à la BNF
16 octobre 08 - 17 octobre 08.
La Bibliothèque nationale de France et Médiapart le festival organisent, avec le soutien de la Fondation Del Duca-Institut de France, un débat exceptionnel avec Salman Rushdie.

Ce débat, animé par Sylvain Bourmeau, aura lieu le jeudi 16 octobre à 18h30 dans le grand auditorium de la BNF, quai François-Mauriac, Paris 13e.

Entrée libre dans la limite des places disponibles.

07 octobre 2008

Colloque : Transferts littéraires (Paris 13, mars 2009)

Le CRIDAF (Centre de recherches interculturelles sur les domaines
anglophones et francophones), de l'Université Paris 13, organise une journée d'études le vendredi 13 mars 2009, sur le thème : Transferts littéraires France, Grande-Bretagne, Amérique du Nord : Circulation de romans et pièces de théâtre aux 20ème et 21ème siècles.

Ci-dessous, l'appel à communication. Sans soumettre une proposition, on peut aussi simplement aller à la journée d'étude pour assister aux débats.

Appel à communication :

Ce projet s'inscrit dans une démarche comparatiste, qui vise à analyser la circulation de textes dans les aires anglophones et francophones. Après une première rencontre en 2008 consacrée au 19ème siècle, cette seconde journée d'études aura pour objectif d'examiner la manière dont romans et pièces de théâtre ont voyagé et voyagent entre France, Grande-Bretagne et Amérique du Nord depuis le début du 20ème siècle. On s'interrogera entre autres sur l'influence exercée par les multinationales de l'édition, et celle, plus paradoxale, d'éditeurs indépendants. Quels textes sont disponibles dans quelle aire linguistique et culturelle, comment ces textes sont-ils adaptés, présentés (paratexte), et traduits ? Comment sont-ils reçus, par quels
lectorats ? Le théâtre soulève des questions spécifiques : on pourra s'intéresser entre autres aux questions de mise en scène, de performance et d'articulation des différents états du texte. On pourra adopter soit une démarche globale, en envisageant les transferts de romans / pièces d'une zone vers une autre, soit proposer des études de cas, des exemples précis d'auteurs et de textes.
Les propositions de communication sont à envoyer au plus tard le 15 décembre 2008 aux trois organisatrices :
Ineke Bockting (ineke.bockting@neuf.fr)
Claire Parfait (claire.parfait@univ-paris13.fr)
Agathe Torti (agathe.torti@yahoo.fr)

Parution : numéro spécial sur V. Woolf

Ci-dessous, le sommaire du cinquantième numéro du JSSE (Journal of the Short Story in English) qui vient de paraître. Sous la direction de Christine Reynier, il est consacré aux nouvelles de Virginia Woolf. Il peut être commandé auprès des Presses Universitaires d’Angers, secrétariat : catherine.dupuy@univ-angers.fr.


JOURNAL OF THE SHORT STORY IN ENGLISH ; Les Cahiers de la Nouvelle - N°50 SPRING 2008. Guest Editor : Christine Reynier. PRESSES DE L'UNIVERSITÉ D'ANGERS

TABLE OF CONTENTS
Foreword : Christine REYNIER : "The “obstinate resistance” of Woolf's Short Stories"
Part ONE : the short story commitments

Elke D'HOKER : "The Role of Imagination in Virginia Woolf's Short Fiction"
Cet article étudie la fonction, le pouvoir et la dimension éthique de l'imagination dans quelques nouvelles de Woolf écrites à différents moments de sa carrière. Il montre que si certaines nouvelles—et certains essais—de Woolf présentent l'imagination comme une force positive dans
le renouvellement de l'art, d'autres soulignent les limites de l'imagination—son recours à des formes fixes et des clichés, sa subjectivité et son incapacité à pénétrer au cœur de l'autre. En se
plaçant dans une perspective éthique, cet article tente ensuite de cerner la façon dont Woolf aborde l'imagination et de situer l'auteur dans le débat critique contemporain sur l'éthique et la littérature. Bien que Woolf, comme, d'une certaine manière, Martha Nussbaum, croie au pouvoir moral de l'imagination narrative, par sa conscience de la violence potentielle et des limites de l'imagination, elle se rapproche de la conception post-structuraliste de la critique éthique qu'ont des penseurs tels que Jacques Derrida et Derek Attridge. Enfin, cet article s'interroge sur l'opposition entre l'art et la réalité dans les nouvelles de Woolf consacrées à l'imagination et conclut que, parce que Woolf continue à croire au pouvoir imaginatif de l'art, son éthique et
son esthétique modernistes ne coïncident pas avec le projet post-moderne de Derrida et Attridge.

Charles SUMNER : "Beauty and Damaged Life in Virginia Woolf's Short Fiction"

La beauté apparaît de manière récurrente dans l'œuvre de Virginia Woolf, que ce soit à travers l'attention portée aux beaux objets, l'expérience de la beauté que font ses personnages ou son style impressionniste empreint de métaphores picturales comme la couleur, la ligne ou la
relation spatiale. Lorsqu'ils abordent la beauté dans son œuvre, les critiques s'intéressent à la manière dont ces métaphores reconstruisent formellement la complexité de l'expérience esthétique ou l'expérience sensible de la cognition. Cependant, une analyse purement formelle renforce la vision conservatrice selon laquelle Woolf utilise la beauté pour enchanter. Il est vrai que Woolf apprécie le sentiment de plaisir, de bonheur et de liberté—“l'envol de l'esprit”—que donne l'expérience de la beauté. Mais pour elle, la beauté est également un moyen de critiquer
la société. Ainsi utilise-t-elle un langage intensément lyrique pour décrire certaines formes de vie meurtrie, telles que la dépression suicidaire et la déchéance de nature économique et sociale; et la tension inattendue qui se dégage de la fusion de la souffrance et de la beauté confère à cette dernière une dimension sociale et critique. Une telle utilisation de la beauté distingue Woolf des autres modernistes qui, en général, cherchent à réfracter les bouleversements sociaux dans
un style discordant. En outre, cela permet à Woolf de lancer un défi à la honte de la beauté qu'entretient la société libérale ou au sentiment d'être à la fois privilégié et coupable qui va de pair avec l'appréciation de la beauté, en utilisant celle-ci pour observer et commenter indirectement les aspects sociaux dérangeants de son monde fictif. L'analyse montrera pourquoi elle pense que ce défi est nécessaire et comment elle le représente dans certaines nouvelles et
esquisses, en particulier dans “Holborn Viaduct,” “The Man Who Loved His Kind” et “Solid Objects.”

Kate HENDERSON : "Fashioning Anti-Semitism: Virginia Woolf's “The Duchess and the
Jeweller” and the Readers of Harper's Bazaar"

Depuis sa parution dans le Harper’s Bazaar en 1938, “The Duchess and the Jeweller” a été dénoncée comme étant ouvertement raciste. Pourtant, si l'agent littéraire, Jacques Chambrun, a au départ rejeté “The Duchess and the Jeweller”, c'est à cause de l'anti-sémitisme du lectorat américain. Woolf révisa la nouvelle et enleva toutes les allusions directes à la judéité d' Oliver Bacon qui, malgré tout, ressort encore dans la caricature. En fait, ce que la description d'une rencontre subversive de deux classes et deux groupes sociaux condamne, c'est la pratique de la consommation des lecteurs. Les lecteurs habitués, d'une part, aux stéréotypes anti-sémites et d'autre part, au consumérisme à la mode, voient Bacon mettre en œuvre les habitudes modelées par le Harper’s Bazaar avant d'accepter sottement l'aristocratie telle qu'elle se présente. Par l'intermédiaire de la voix narrative, Woolf amène le lecteur à s'identifier à Oliver Bacon. Ainsi peut-il s'interroger sur les pratiques qui mènent à sa perte, tout en remettant en cause ses
propres présupposés sur la valeur de la société aristocratique et sur le Juif comme nécessairement étranger. Woolf exige de ses personnages—et de ses lecteurs—qu'ils lisent d'un oeil plus critique, qu'ils prennent conscience de ce que le masque social cache. Paradoxalement, “The Duchess and the Jeweller” montre que nous sommes ce que nous sommes, quoi que nous possédions.

Anne BESNAULT-LEVITA : "Speech-Acts, Represented Thoughts and Human Intercourse in “The Introduction” and “Together and Apart” "

Dans Mrs Dalloway’s Party, cycle de nouvelles que Woolf rédigea aux alentours de 1925 et que Stella McNichol publia pour la première fois sous cette forme en 1973, Woolf étudie ce qu'elle appelle “l'état de conscience-réception, l'état de conscience-robes”. Dans la plupart des
nouvelles de ce cycle (“The New Dress”, “Happiness”, “Ancestors”, “The Introduction”, “Together and Apart”, “The Man Who Loved His Kind”, “A Simple Melody” et “A Summing Up”), “la réception” peut se lire comme une métaphore de la scène sociale où se jouent certains rôles et jeux linguistiques. Cette réception permet à Woolf d'examiner les énoncés dans leur contexte social, de poser des questions relatives aux hommes et aux femmes ainsi qu'à leur représentation et d'analyser le discours comme site d'ambiguïté et de conflits.

Convoquant les outils de la pragmatique et de la narratologie féministe, cet article analyse ces sites discursifs d'ambiguïté et de conflits dans “The Introduction” et “Together and Apart” où le motif de la “présentation” suggère une négociation avec ce que la culture impose, avec l'autre et avec le langage, et où les modes conflictuels de la focalisation interne—essentiellement du discours indirect libre—et du dialogue présentent la communication comme une pratique où se fondent tout à la fois le sujet, la reconnaissance intersubjective et les stratégies d'interprétation.

Ann McCLELLAN : "Adeline's (Bankrupt) Education Fund: Woolf, Women, and Education in the
Short Fiction"

Convoquant les outils de la critique féministe et des “cultural studies”, cet article analyse cinq nouvelles en les plaçant dans le cadre de la biographie de Woolf, de ses essais ainsi que de l'histoire de l'enseignement supérieur et des femmes en Grande Bretagne afin de voir comment Woolf a posé le problème des intellectuelles tout en anticipant sur sa théorisation actuelle. Dans les nouvelles, le monde fictionnel contrasté, utopique ou dystopique, des étudiantes, universités et universitaires montre que Woolf croyait fermement à la capacité de l'éducation universitaire à libérer les femmes alors même qu'elle souffrait de n'avoir pu accéder à une telle éducation et à une véritable carrière. L'écart entre sa situation privilégiée et la situation difficile des femmes exclues du système universitaire et de la culture britannique amena Woolf à penser que le manque d'éducation des femmes était la cause directe de toutes les inégalités entre les sexes.
Parce qu'elle était à la fois dans le système en tant qu'intellectuelle, enseignante et écrivaine, et hors du système—parce que n'ayant pas eu accès à l'enseignement universitaire et surtout parce que femme—elle put présenter des solutions innovantes au problème de l'éducation des femmes
et de l'inégalité entre sexes tout en analysant et critiquant le système universitaire.

Leena KORE SCHRÖDER : "Who's Afraid of Rosamond Merridew?: Reading Medieval History in “The Journal of Mistress Joan Martyn"

Cet article replace le personnage de Rosamond Merridew, qui apparaît dans “The Journal of Mistress Joan Martyn”, dans le cadre des études et de l'historiographie médiévistes du début du vingtième siècle; il se démarque de l'image que ce personnage veut donner d'elle-même, celle
d'une historienne férue d'expérimentation, féministe et marginalisée, et montre que son travail est typique de l'histoire médiévale en tant que discipline universitaire de l'époque. Tout en reconnaissant l'importance de médiévistes contemporains tels que Eileen Power (1889-1940), cet article s'attache essentiellement aux travaux de F.W. Maitland (1850-1906) qui portent sur l'organisation légale et socio-économique de l'Angleterre du Moyen-Âge et fournissent en fait le véritable modèle de la nouvelle Histoire, si souvent attribuée à Merridew. Ceci permet de lire la nouvelle en termes de pouvoir, de terre et d'identité, questions dont Woolf aurait eu onnaissance par l'intermédiaire de Maitland.

PART TWO : Beyond Experimentalism: Genetics, philosophy, science and the
short story
Oliver TAYLOR : “What's 'it'-What do you mean by 'it'?”: Lost Readings and Getting Lost
in “Kew Gardens”

La flâneuse urbaine: c'est en ces termes qu'on a souvent parlé de l'écriture de Woolf de “Street Haunting” à “Mrs Dalloway in Bond Street”. Cet article propose de revenir sur ces termes en lisant “Kew Gardens” à la lumière des journaux d'adolescence où Woolf décrit ses explorations nomades de la campagne, hors des sentiers battus. Les critiques de cette nouvelle ont négligé ou minimisé l'importance des révisions que Woolf fit du tapuscrit et d'un commun accord, lisent le
jardin en termes d'atmosphère. En présentant une comparaison détaillée du tapuscrit et de la première édition de “Kew Gardens” (1919), cette étude découvre certaines lectures perdues et les met en relation avec les observations que Woolf consigne dans son journal sur le potentiel
créatif que constitue le fait de se perdre. En outre, en examinant la façon dont Woolf révise le tapuscrit en 1919 et insiste sur l'exploration physique de l'espace par le toucher, cet article montre l'importance du corps dans toute analyse du langage, de la conscience—à la fois humaine et animale—et de l'atmosphère dans la nouvelle.


Frank STEVENSON : "Enclosing the Whole: Woolf's “Kew Gardens” as Autopoietic Narrative"

En proposant une lecture autopoiétique de “Kew Gardens”, nouvelle publiée en 1919, cet article se fonde sur une interprétation de l'empirisme et de l'expérimentation dans les premières nouvelles de Woolf plus littérale que celle généralement adoptée par les critiques. L'/autopoiesis/ est ici définie simplement comme le processus selon lequel un système reproduit l'organisation qui le définit comme système dans le cadre de son environnement élargi. De telles lectures ont été appliquées à la science-fiction et à la fiction cyberpunk ainsi qu'à la fiction d'auteurs tels que Pynchon et DeLillo, dont le thème suggère déjà ce type d'interprétation. Cependant, à ma connaissance, aucune lecture autopoiétique n'a été faite d'un écrivain “traditionnel” comme Woolf—dont le thème dans “Kew Gardens” n'est pas explicitement
autopoiétique—ni de la forme narrative en général qui prenne en compte sa création d'un espace physique, temporel et linguistique fermé. La réflexivité du système—ici, narratif—nécessite la présence de l'observateur extérieur—ici l'auteur/lecteur—à l'intérieur du système.
Cependant, alors que l'auteur/lecteur insuffle vie au système depuis l'intérieur de ce système, “Kew Gardens” met en avant l'impersonnalité mécanique du monde qu'il décrit, les ruptures dans l'espace verbal ou linguistique, les interstices ou le “bruit” entre les mots.

Laura MARCUS : "In the Circle of the Lens”: Woolf's “Telescope” Story, Scene-Making and
Memory"

Cet article examine la genèse et les différentes ré-écritures de**l'histoire *“*télescope*”* de Woolf, dont la version publiée, *“*The Searchlight*”*, parut dans le volume posthume A Haunted House and Other Stories. Dans un article publié en 1976, J.W. Graham analyse la version publiée comme étant la version ultime. Plus récemment Jane de Gay a contré ces conclusions et analysé les brouillons de *“*Freshwater*”* comme étant des textes à la fois indépendants de *“*The Searchlight*”* et postérieurs à cette nouvelle plutôt que des variantes antérieures *“*peu satisfaisantes*”*. Cet article montre que tout l'intérêt vient au contraire de l'interaction entre toutes les variantes textuelles de 1929 à 1941. Ces variantes ouvrent sur des problèmes cruciaux de création et de composition ainsi que sur la *“*création de scènes*”* qui est au cœur de l'écriture de Woolf. La construction de l'histoire*“*télescope*”* pose des problèmes liés à l'autobiographie et à l'écriture de la vie, eux-mêmes liés à la genèse et à la génétique littéraire ainsi qu'à la manière dont se forge non seulement l'écriture mais également le moi. Cet article s'intéresse à la dimension *“*cinématographique*”* de la nouvelle et à la manière dont elle s'articule, dans toutes ces variantes, avec le lien qu'établit Woolf entre distance et proximité ou passé et présent, et qui sous-tend une grande partie de ses écrits.

Teresa PRUDENTE : " “To slip easily from one thing to another”: Experimentalism and
Perception in Woolf's Short Stories "

Les nouvelles que Woolf composa entre 1917 et 1921 marquent un tournant dans son écriture, le passage de la forme conventionnelle de ses premiers romans à de nouvelles structures narratives qui préfigurent la méthode expérimentale de l'auteur. Woolf utilise la forme brève comme un champ privilégié d'expérimentation dans lequel le temps “alinéaire” (Ricœur) entre dans la narration et sape la ligne chronologique du temps. A travers la tension entre éléments contradictoires qu'elle met en œuvre, cette forme condensée répond à un double mouvement
d'“inclusion” et de “saturation” (Deleuze et Guattari) qui lui permet de devenir un espace d'expansion, un territoire infini de dilatation interne et stratifiée. En cela, la nouvelle fonctionne comme une expérience de la perception qui interroge la nature de la réalité. Cela va de pair, chez Woolf, avec la recherche de formes d'écriture flexibles qui recréent la nature insondable de la réalité et évitent toute définition stable des personnages. C'est l'expérimentation que l'on
trouve dans Monday or Tuesday qui sert de base à l'innovation dans les romans, dans lesquels Woolf intègre les concepts de durée et de narration, tels qu'ils ont été redéfinis dans les nouvelles.

PART THREE : Music, Painting, Cinema and the short story

Liliane LOUVEL : "Telling “by” Pictures: Virginia Woolf's Shorter Fiction"

Mon hypothèse de départ sera que l'écriture de Virginia Woolf, en particulier ses nouvelles, est fortement marquée par la présence du visuel. Je poursuis en cela un travail commencé par ailleurs. Woolf possédait ce que les peintres appellent *“*un oeil*”*, j'ajouterai un regard, ce qui donne à ses textes une qualité toute visuelle. J'essaierai de le démontrer dans cette analyse qui s'efforcera également d'en dégager la cohérence. Ceci devrait également permettre de définir
ce que le mot visuel veut dire, quelles formes il peut prendre dans un texte littéraire et à quels usages il peut être soumis en tant qu'outil critique lorsqu'il s'agit d'ouvrir *“*l’œil du texte*”*. Grâce à une étude attentive de certaines des pièces courtes de Woolf, j'essaierai de repérer les références explicites ou implicites à l'histoire de l'art et de voir en quoi elles *“*éclairent*”* le texte. Analyser les nouvelles de Woolf du point de vue du visuel, devrait permettre de repérer de quelle manière il fait partie intégrante de son imagination créatrice et de son processus d'écriture. Car le visuel fonctionne de deux manières: s'il est à l'origine de l'activité créatrice il est également inscrit dans l'écriture et donc participe de sa qualité littéraire. Ainsi, il pourrait être considéré comme l'un des critères permettant d'approcher la singularité de l'écriture woolfienne.

Emilie CRAPOULET : "Beyond the Boundaries of Language: Music in Virginia Woolf's “The String Quartet” "

La musique joue un rôle important dans l’esthétique woolfienne. Pour cette raison la musicalité de sa prose est une préoccupation constante, quoique non toujours bien définie, des études woolfiennes. Woolf elle-même a toujours été fascinée par la musique tout au cours de sa vie. Il n’est donc pas étonnant que ceux et celles qui s’intéressent à son œuvre soient amenés à étudier cet aspect de son esthétique. Mais cette « musicalité » est particulièrement difficile à évaluer, et on l’a souvent interprétée d’une façon simpliste et impressionniste. En prenant comme point de départ sa nouvelle, « Le Quatuor à cordes », nous montrerons que l’expérience musicale, telle qu’elle est décrite dans ce texte par Virginia Woolf, est loin d’être une simple évocation superficielle de rêves, d’images ou de sentiments musicaux, mais, qu’au contraire, Woolf explore ici avec beaucoup de discernement et d’intelligence, le sens même de la musique, sous toutes ses facettes. Cette nouvelle démontre surtout le rapport de la musique avec la conscience, l’imagination, le langage et l’expression littéraire, en nous amenant à sa potentielle fonction ontologique et transcendantale.

Abbie GARRINGTON : "Reflections on a Cinematic Story"

La nouvelle de Virginia Woolf, “The Lady in the Looking Glass: A Reflection”, qui fut publiée en décembre 1929, est souvent analysée comme une esquisse que lui aurait inspirée l'artiste Ethel Sands à qui Woolf avait rendu visite peu de temps auparavant. Plutôt que de considérer cette nouvelle comme une esquisse, cet article propose de la lire à la lumière de l'essai que Woolf écrivit en 1926, “The Cinema”. Il apparaît que par sa forme et son contenu, son cadrage et son sujet, cette nouvelle rencontre les préoccupations de cet essai qui, bien que connu, est souvent considéré comme marginal par rapport au reste de l'œuvre de l'auteur. L'étude des éléments filmiques dans “The Lady” et du dialogue fructueux que la nouvelle entretient avec l'essai sur le
cinéma montre que, par bien des côtés, cette nouvelle s'intègre pleinement à la recherche que mène Woolf d'une forme “cinématographique”, selon les termes qu'emploiera Joseph Frank. En
outre, loin de se contenter de simples analogies entre texte littéraire et film, Woolf forge dans cette nouvelle un style littéraire nouveau qui mobilise des éléments filmiques à même de saisir la complexité d'une vie. Il apparaît alors évident que dans “The Lady”, le statut de Woolf est celui d'un pionnier du mode cinématographique.

02 octobre 2008

Situation des Lettres

La revue Le Monde de l'éducation publie dans son numéro d'octobre un dossier sur "les Lettres" : "Les méthodes, les programmes, les filières pour sauver les Lettres" ; "Comment aborder les classiques" ; "Quels débouchés pour les littéraires".
Je vous l'indique en tant qu'il représente un aperçu des discours qui peuvent se tenir actuellement sur la question de la fonction sociale de la littérature, et des études de littérature. Intéressant d'en avoir un écho dans la presse ; cette revue étant évidemment l'une des plus proches de l'univers de l'enseignement. L'occasion semble être associée à la sortir du film de Christophe Honoré, La Belle Personne, qui est une relecture de La Princesse de Clèves.

Dans le même numéro, d'ailleurs, un article sur "L'université française bousculée par les classements" internationaux, sur fond de mondialisation.