The Childhood of Jesus, nouveau roman de J.M. Coetzee, vient de paraître, chez Harvill Secker (Londres).
vendredi 29 mars 2013
à 14h
En Salle D223, A la Maison de la
Recherche, 28 rue Serpente 75006 Paris
à 14h
En Salle D223, A la Maison de la
Recherche, 28 rue Serpente 75006 Paris
M. FLORIAN ALIX soutient sa thèse de doctorat :
L’essai postcolonial. Stratégies littéraires et reconfigurations culturelles chez Glissant, N. Gordimer, A. Khatibi, V.Y. Mudimbe et W. Soyinka ( 1970-2010)
En présence du jury :
M. BESSIÈRE ( PARIS 3 )
M. DIOP ( PARIS 12 )
MME DOUAIRE ( RENNES 2 )
M. FONKOUA ( PARIS 4 )
M. LOUETTE ( PARIS 4 )
M. MOURALIS ( CERGY )
Résumés :
L’essai est un genre de discours qui lie la prétention scientifique à énoncer une vérité et l’incertitude, la dimension ludique de l’écrit littéraire. Cette ambivalence en fait un genre particulièrement intéressant pour analyser les rapports de l’intellectuel au politique. Dans le contexte colonial, le savoir est un enjeu de pouvoir et l’essai, dans sa dimension littéraire, permet à un certain nombre de colonisés de jouer sur les règles de légitimité du discours : il est l’un des instruments essentiels de leur prise de parole. Il devient progressivement l’un des modes d’expression privilégiés de la pensée anticoloniale. Les tensions entre le champ culturel et académique et le champ politique dans les sociétés décolonisées réactivent sa vocation à construire un savoir en se situant à la marge des discours établis, à subvertir l’ordre des discours.
Analyser ce positionnement de l’essayiste postcolonial dans les sociétés antillaises, subsahariennes et maghrébines de la fin du XXe et du début du XXIe siècles amène à préciser sa démarche d’écriture. Porté sur l’analyse plutôt que sur la synthèse, celui-ci se défie des théories globalisantes pour leur préférer une description d’un lieu précis qu’il ramifie progressivement au reste du monde. Cette démarche est sous-tendue par une attitude de suspicion et de mise en question à l’égard de tout processus de représentation. Le discours théorique impose aux essayistes postcoloniaux de naviguer entre plusieurs contextes et plusieurs cultures sur un mode critique. Ils doivent se livrer à un travail de « double critique » (A. Khatibi) culturelle : il leur faut d’une part réfléchir à l’héritage endogène et à l’héritage européen et d’autre part à la fois remettre en question ce double héritage et poser les bases d’un renouveau culturel à partir de lui. Cette « double critique » nécessite un travail de réécriture qui vise à l’élaboration d’un nouveau savoir. Les essayistes empruntent les discours des sciences sociales, de l’histoire, de la philosophie et de la science politique et ils les transforment : en mêlant ces discours à un travail de création, leurs textes deviennent des textes littéraires, prenant parfois les voies de la fiction et de la poésie.
The essay is a speech genre which binds scientific will to formulate a truth to the shakiness and the playfull dimension of literary writing. This ambivalence makes it particularly interesting to analyse scholars’ relationship to political field. In the colonial context, knowledge is a power issue and the essay, with its literary aspects, allows number of colonized people circumvent rules of scientific legitimacy : it is one of the essential tools of their speaking. It becomes gradually one of the preferred modes of expression of anticolonial thinking. Tensions between cultural and acamical field on the one hand and political field on the other hand reactivate its vocation to be located at the margin of established discourses and to subvert the order of knowledge.
Social positioning of the postcolonial essayist in the Caribbean societies, Maghreb and sub-Saharan Africa in the late twentieth and early twenty-first centuries determines his writing process. Focused on analysis rather than synthesis, he distrusts global theories and prefers to describe a specific place and make links with the whole world from this base. Doing this, he challenges all kind of representation. Theoretical discourses make postcolonial essayists navigate between multiple contexts and multiple cultures in a critical mode. They have to use a cultural “double critique” (A. Khatibi) : they must firstly consider the endogenous heritage and European heritage and secondly both challenge this double heritage and lay the foundations for a cultural revival from him. This “double critique” requires a rewriting of the scientific and literary heritage in order to create a new knowledge. Postcolonial essayists borrow discourses of social science, history, philosophy and politics and they change them : they mix these discourses to creative work and their texts become literary texts, including sometimes fiction and poetry.