Un débat public et intellectuel majeur est ouvert en France depuis la création, par le gouvernement issu des élections présidentielles de mai 2007, d'un Ministère de l'Identité Nationale et de l'Immigration, avec à sa tête Brice Hortefeux. Le 8 octobre, un nouvel Institut d'Etudes sur l'Immigration et l'Intégration a été inauguré - on peut facilement trouver la trace de cet événement et des réactions publiques des chercheurs qui travaillent sur ces champs de question, par une simple recherche sur Internet. La vocation de cet Institut étant de "constituer un guichet unifié des études sur l'immigration et l'intégration", et "de déterminer des champs et des sujets pertinents", "de dégager les grands axes de recherche en cours ou souhaitables", la vive réaction immédiate des chercheurs s'est traduite par un refus de nombreux spécialistes du domaine de rejoindre l'Institut, et par la dénonciation d'une tentative gouvernementale pour contrôler la production des savoirs publics sur ce domaine.
Dès la juin 2007, un forum avait été organisé à l'EHESS (Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales), cherchant à lancer un vaste mouvement de l'éducation et de la recherche face à l'institutionnalisation de la xénophobie, et à rassembler contre les amalgames entre identité nationale et immigration. La poursuite de cette mobilisation a donné lieu en septembre à l'ouverture d'un Observatoire de l'institutionnalisation de la xénophobie, qui se donne comme tâche de rassembler des chercheurs autour de cette tâche de veille critique - et à produire, concrètement, un rapport annuel qui diffusera les analyses croisées. D'autres manifestations et programmes de protestation, de travail critique et de réflexion collective sont en cours l'élaboration. Parmi les enjeux les plus cruciaux dans ce débat, deux préoccupations croisées sont à souligner : d'une part l'indépendance et l'autonomie de la production intellectuelle, des savoirs scientifique et de leur diffusion, et d'autre part la stigmatisation de l'étranger comme problème. C'est cette articulation, entre politique de la recherche et politique de l'étranger, qui fait le caractère de cette situation contemporaine en France, et le contexte dans lequel ont à se mener les travaux en Littérature étrangère.
Pour un groupe de recherche comme le Texte étranger, il est important de suivre les termes de ce débat, son déroulement, et ses productions conceptuelles et critiques. La participation à l'analyse de ce qui y est en jeu est un laboratoire de pertinence pour les chercheurs en sciences humaines, et ceux en particulier qui explorent le noeud entre poétique et politique, depuis la question de l'étranger : la culture comme rapport d'étranger ; le langage comme rapport d'étranger. C'est aussi un laboratoire de formation des jeunes chercheurs.
Le Réseau scientifique TERRA lance, par exemple, un appel "Indentité nationale et immigration : inversons la problématique !". Le site du réseau Terra est un carrefour d'informations et d'analyses précieux.
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