Je transmets un appel à communication proposé par Sneharika Roy :
Date: 17 Novembre 2012
Lieu: Université Sorbonne Nouvelle Paris 3, Paris
Professeur invité : Neil Ten Kortenaar, Directeur du Centre de la littérature comparée, Université de Toronto
Dans leur introduction au numéro spécial globalisation du South Atlantic Quarterly en 2001, Susie O’Brien et Imre Szeman affirment que « la littérature fut globale avant d’avoir été nationale ». Elles continuent en expliquant que les membres des « élites littéraires » furent parmi les premiers à être « reliés globalement – autant au niveau matériel qu’au niveau imaginaire », et les premiers « à goûter aux productions narratives exotiques issues d’autres contextes que leur propre scène nationale et locale ». Si O’Brien et Szeman nous pousse doucement à réfléchir à la distinction trop facile entre littérature nationale et littérature mondiale, elles présentent néanmoins l’argument d’une « littérature mondiale, globale » fondée sur une exposition aux narrations « produites en-dehors » [nous soulignons].
Cela nous amène à la question suivante : dans un monde globalisé, où est le “dehors”, qui présupposerait un “dedans”? Où est le « deçà » de cet « au-delà » ? A quel endroit dresser la frontière épistémologique entre l’intérieur et l’extérieur des entités géopolitiques ? Où situer la division ontologique entre être dedans, à l’intérieur de cette « communauté imaginaire » d’Anderson, et se trouver à l’extérieur d’autres groupes du même genre ? Et que dire de l’aspect distinctif de la globalisation, qui enjambe deux pays (ou plus) et de nombreuses cultures et identités, souvent (mais pas toujours) liées à la condition postcoloniale ? En effet, dans un monde globalisé, l’intérieur et l’extérieur, l’en-deçà et l’au-delà, semblent n’être ni confirmés ni infirmés mais renégociés, en retournant ces notions sur elles-mêmes.
La position du sujet postcolonial nous intéresse plus spécialement parce qu’il est culturellement dedans et dehors, glissant presque entre les deux zones le long de lignes de failles impériales et postcoloniales. La théorie bakhtinienne s’offre à nous comme outil critique utile, non seulement pour la condition en-deçà/au-delà de l’écrivain postcolonial, mais pour tout écrivain qui doit se positionner ainsi, dedans/dehors la « langue, qui est à la limite entre soi et l’autre ». Il s’en suit que toute fiction est « à double voix », et les mots sont « à moitié à quelqu’un d’autre », « existent dans la bouche des autres » et doivent être appropriés en « les forçant à se soumettre à nos propres intentions et accents ».
Ce retournement peut-être juxtaposé de façon productive avec l’idée de la position « compliquée » de l’écrivain, qui, telle que Deleuze nous le rappelle, est un terme qui vient du latin complicare, « plié ensemble, et replié ». Ainsi, pour Deleuze, « le pli idéal est-il Zweifalt, pli qui différencie et qui se différencie », mais, pour l’écrivain, peut-être un tel pliage a-t-il aussi des implications métaphysiques – et métafictionnelles. Perché sur le rebord, ni en-deçà ni au-delà, l’écrivain prend conscience de la dimension ontologique de la place qu’il occupe, et des implications qui vont au-delà du soi, pour se déverser dans l’ironie et la métafiction.
Nous accueillons les propositions de communication qui explorent la question de la posture et de l’imposture de l’auteur, des personnages, du retournement et du port de “masques” (selon Fanon); celle du pli et du pliage de la langue et du soi qui peuvent être basées sur l’approche deleuzienne qui plie, tisse et détisse la subjectivité. Plutôt que de reproduire les débats sur des oppositions géopolitiques (national/international) et idéologiques (« original » et « local » vs. « productions narratives exotiques ») binaires qui sont devenues courantes dans les études postcoloniales, cette journée d’étude se propose d’adopter une approche différente de l’écrivain (et du lecteur) de « littérature de la mondialisation » : sans cesse retourné, détourné, sous tension.
Cette journée d’étude est organisée par la branche postcoloniale de l’équipe d’accueil PRISMES. Nous sommes ravis d’annoncer que Neil Ten Kortenaar, directeur du Centre de Littérature Comparée de l’Université de Toronto, a accepté notre invitation, et ouvrira la journée.
Les propositions, en français ou en anglais, sont à adresser pour le 25 avril 2012 sous forme d’un abstract de 250 mots environ assorti d’une bibliographie de quelques lignes, aux organisateurs, aux adresses électroniques suivantes : sneharika.roy@gmail.com et à madeleine.laurencin@etud.sorbonne-nouvelle.fr. Les communicants disposeront d’un temps de parole de 20 minutes suivi d’une dizaine de minutes consacrées au débat.
Date: 17 Novembre 2012
Lieu: Université Sorbonne Nouvelle Paris 3, Paris
Professeur invité : Neil Ten Kortenaar, Directeur du Centre de la littérature comparée, Université de Toronto
Dans leur introduction au numéro spécial globalisation du South Atlantic Quarterly en 2001, Susie O’Brien et Imre Szeman affirment que « la littérature fut globale avant d’avoir été nationale ». Elles continuent en expliquant que les membres des « élites littéraires » furent parmi les premiers à être « reliés globalement – autant au niveau matériel qu’au niveau imaginaire », et les premiers « à goûter aux productions narratives exotiques issues d’autres contextes que leur propre scène nationale et locale ». Si O’Brien et Szeman nous pousse doucement à réfléchir à la distinction trop facile entre littérature nationale et littérature mondiale, elles présentent néanmoins l’argument d’une « littérature mondiale, globale » fondée sur une exposition aux narrations « produites en-dehors » [nous soulignons].
Cela nous amène à la question suivante : dans un monde globalisé, où est le “dehors”, qui présupposerait un “dedans”? Où est le « deçà » de cet « au-delà » ? A quel endroit dresser la frontière épistémologique entre l’intérieur et l’extérieur des entités géopolitiques ? Où situer la division ontologique entre être dedans, à l’intérieur de cette « communauté imaginaire » d’Anderson, et se trouver à l’extérieur d’autres groupes du même genre ? Et que dire de l’aspect distinctif de la globalisation, qui enjambe deux pays (ou plus) et de nombreuses cultures et identités, souvent (mais pas toujours) liées à la condition postcoloniale ? En effet, dans un monde globalisé, l’intérieur et l’extérieur, l’en-deçà et l’au-delà, semblent n’être ni confirmés ni infirmés mais renégociés, en retournant ces notions sur elles-mêmes.
La position du sujet postcolonial nous intéresse plus spécialement parce qu’il est culturellement dedans et dehors, glissant presque entre les deux zones le long de lignes de failles impériales et postcoloniales. La théorie bakhtinienne s’offre à nous comme outil critique utile, non seulement pour la condition en-deçà/au-delà de l’écrivain postcolonial, mais pour tout écrivain qui doit se positionner ainsi, dedans/dehors la « langue, qui est à la limite entre soi et l’autre ». Il s’en suit que toute fiction est « à double voix », et les mots sont « à moitié à quelqu’un d’autre », « existent dans la bouche des autres » et doivent être appropriés en « les forçant à se soumettre à nos propres intentions et accents ».
Ce retournement peut-être juxtaposé de façon productive avec l’idée de la position « compliquée » de l’écrivain, qui, telle que Deleuze nous le rappelle, est un terme qui vient du latin complicare, « plié ensemble, et replié ». Ainsi, pour Deleuze, « le pli idéal est-il Zweifalt, pli qui différencie et qui se différencie », mais, pour l’écrivain, peut-être un tel pliage a-t-il aussi des implications métaphysiques – et métafictionnelles. Perché sur le rebord, ni en-deçà ni au-delà, l’écrivain prend conscience de la dimension ontologique de la place qu’il occupe, et des implications qui vont au-delà du soi, pour se déverser dans l’ironie et la métafiction.
Nous accueillons les propositions de communication qui explorent la question de la posture et de l’imposture de l’auteur, des personnages, du retournement et du port de “masques” (selon Fanon); celle du pli et du pliage de la langue et du soi qui peuvent être basées sur l’approche deleuzienne qui plie, tisse et détisse la subjectivité. Plutôt que de reproduire les débats sur des oppositions géopolitiques (national/international) et idéologiques (« original » et « local » vs. « productions narratives exotiques ») binaires qui sont devenues courantes dans les études postcoloniales, cette journée d’étude se propose d’adopter une approche différente de l’écrivain (et du lecteur) de « littérature de la mondialisation » : sans cesse retourné, détourné, sous tension.
Cette journée d’étude est organisée par la branche postcoloniale de l’équipe d’accueil PRISMES. Nous sommes ravis d’annoncer que Neil Ten Kortenaar, directeur du Centre de Littérature Comparée de l’Université de Toronto, a accepté notre invitation, et ouvrira la journée.
Les propositions, en français ou en anglais, sont à adresser pour le 25 avril 2012 sous forme d’un abstract de 250 mots environ assorti d’une bibliographie de quelques lignes, aux organisateurs, aux adresses électroniques suivantes : sneharika.roy@gmail.com et à madeleine.laurencin@etud.sorbonne-nouvelle.fr. Les communicants disposeront d’un temps de parole de 20 minutes suivi d’une dizaine de minutes consacrées au débat.
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