Journée d'étude organisée au Musée Rodin, par Katia Légeret (Université Paris 8, département Théâtre), le mercredi 17 octobre 2012, 9h-18.
Programme détaillé : en ligne.
Rodin – La danse de Çiva
En 1911, Rodin, à l'apogée de sa célébrité à 71 ans, reçoit plusieurs photographies de sculptures en bronze, prises en Inde du Sud, au musée de Chennai (anciennement Madras). Elles représentent le dieu de la danse Çiva sous sa forme de Natarâja, « Roi des danseurs et des acteurs ». Ces clichés ont été envoyés par l’archéologue russe, Victor Goloubeff, qui dirige la revue Ars Asiatica à Paris, pour laquelle il demande à Rodin d’écrire un texte sur ces bronzes. Au cours de l’automne 1913, alors qu’il termine un ouvrage sur les cathédrales, Rodin rédigera quelques pages sous la forme de fragments poétiques. Ils ne seront publiés qu’après sa mort, en 1921, sous le titre « La danse de Çiva » dans le troisième numéro d’Ars Asiatica. La découverte et la connaissance de ces fragments par les lecteurs français se révèleront comme suspendus dans le temps. Plus que délaissé – bien qu’il s'agisse de l'un des rares textes de Rodin sur la danse, sa réédition tardive en 1998, sans photographies et en
même temps que d'autres textes, s'est faite dans la plus grande discrétion. Or, au début du XXe siècle, alors que la scène parisienne inventait avec succès le « numéro hindou' » – prétendument sacré, alors qu'aucun de ces artistes n'était allé en Inde – les théâtres et les danses de temples subissaient, dans une Inde colonisée, une menace de disparition. Après un renouveau des arts de la scène qui a été inséparable d'un phénomène complexe de transculturation, pourquoi s'intéresser, un siècle plus tard, au Rodin de « La danse de Çiva » ? Quels sont les enjeux esthétiques, linguistiques, politiques et
transculturels de sa traduction dans plusieurs langues indiennes et de son adaptation scénique tant en France qu’en Inde ?
Sous la direction de Katia Légeret-Manochhaya, professeur au département théâtre de l'Université Paris 8 et artiste de Bharata-Natyam, un groupe de chercheurs de l'école doctorale EDESTA (EA 1573 Scènes et savoirs) formés également en Inde aux théâtres dansés – Kutiyattam, Kathakali, Bharata-Natyam et Odissi – présente une étude sur la prose poétique d'Auguste Rodin dédiée au Çiva Natarâja, figure divine des acteurs-danseurs. La journée qui lui sera consacrée dans l'auditorium du musée Rodin comprendra donc aussi des conférences dansées.
Du fait de son style élégiaque, il est difficile d’interpréter cette écriture dont l’originalité se fonde sur deux arts que Rodin ne connaît pas. En effet, il n'a jamais vu ni cette sculpture indienne, ni la chorégraphie qu'elle suggère. Certes, cultivant son intérêt pour la danse, l’artiste a eu l'occasion de découvrir à Paris deux styles extrême-orientaux profondément inspirés des théâtres dansés de l'Inde : celui des danseuses javanaises à l’Exposition Universelle de 1889, puis celui des danseuses cambodgiennes à l'Exposition coloniale de Marseille, en 1906. Existe-t-il un lien entre ces arts et le texte de Rodin sur Çiva ? Et si ce n'est pas le cas, comment le sculpteur a-t-il pu devenir le poète d'une danse qui lui était inconnue ?
Programme détaillé : en ligne.
Rodin – La danse de Çiva
En 1911, Rodin, à l'apogée de sa célébrité à 71 ans, reçoit plusieurs photographies de sculptures en bronze, prises en Inde du Sud, au musée de Chennai (anciennement Madras). Elles représentent le dieu de la danse Çiva sous sa forme de Natarâja, « Roi des danseurs et des acteurs ». Ces clichés ont été envoyés par l’archéologue russe, Victor Goloubeff, qui dirige la revue Ars Asiatica à Paris, pour laquelle il demande à Rodin d’écrire un texte sur ces bronzes. Au cours de l’automne 1913, alors qu’il termine un ouvrage sur les cathédrales, Rodin rédigera quelques pages sous la forme de fragments poétiques. Ils ne seront publiés qu’après sa mort, en 1921, sous le titre « La danse de Çiva » dans le troisième numéro d’Ars Asiatica. La découverte et la connaissance de ces fragments par les lecteurs français se révèleront comme suspendus dans le temps. Plus que délaissé – bien qu’il s'agisse de l'un des rares textes de Rodin sur la danse, sa réédition tardive en 1998, sans photographies et en
même temps que d'autres textes, s'est faite dans la plus grande discrétion. Or, au début du XXe siècle, alors que la scène parisienne inventait avec succès le « numéro hindou' » – prétendument sacré, alors qu'aucun de ces artistes n'était allé en Inde – les théâtres et les danses de temples subissaient, dans une Inde colonisée, une menace de disparition. Après un renouveau des arts de la scène qui a été inséparable d'un phénomène complexe de transculturation, pourquoi s'intéresser, un siècle plus tard, au Rodin de « La danse de Çiva » ? Quels sont les enjeux esthétiques, linguistiques, politiques et
transculturels de sa traduction dans plusieurs langues indiennes et de son adaptation scénique tant en France qu’en Inde ?
Sous la direction de Katia Légeret-Manochhaya, professeur au département théâtre de l'Université Paris 8 et artiste de Bharata-Natyam, un groupe de chercheurs de l'école doctorale EDESTA (EA 1573 Scènes et savoirs) formés également en Inde aux théâtres dansés – Kutiyattam, Kathakali, Bharata-Natyam et Odissi – présente une étude sur la prose poétique d'Auguste Rodin dédiée au Çiva Natarâja, figure divine des acteurs-danseurs. La journée qui lui sera consacrée dans l'auditorium du musée Rodin comprendra donc aussi des conférences dansées.
Du fait de son style élégiaque, il est difficile d’interpréter cette écriture dont l’originalité se fonde sur deux arts que Rodin ne connaît pas. En effet, il n'a jamais vu ni cette sculpture indienne, ni la chorégraphie qu'elle suggère. Certes, cultivant son intérêt pour la danse, l’artiste a eu l'occasion de découvrir à Paris deux styles extrême-orientaux profondément inspirés des théâtres dansés de l'Inde : celui des danseuses javanaises à l’Exposition Universelle de 1889, puis celui des danseuses cambodgiennes à l'Exposition coloniale de Marseille, en 1906. Existe-t-il un lien entre ces arts et le texte de Rodin sur Çiva ? Et si ce n'est pas le cas, comment le sculpteur a-t-il pu devenir le poète d'une danse qui lui était inconnue ?
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