Le prochain colloque du groupe de recherche FAAAM (Femmes Auteures Anglaises et Américaines), EA 370 du CREA, aura lieu à Paris Ouest Nanterre La Défense (nouveau nom de Paris X-Nanterre) les 12 et 13 juin 2009 sur le thème : « Les lieux de femmes dans la littérature féminine de langue anglaise »
APPEL A COMMUNICATIONS :
Pendant les 4 ans qui viennent, le groupe FAAAM a décidé de travaillersur l’écriture de l’espace (espace littéral et espace symbolique) dansles œuvres de femmes-écrivains de langue anglaise. Les 2 premières années seront consacrées à l’espace domestique ou privé et les deuxsuivantes à l’espace ouvert ou public et au rapport à la nature.
L’opposition public/privé trouve son origine dans la notion de contratsocial tel que l’avaient conçu Hobbes et Rousseau. Selon eux, l’ordresocial reposait sur l’existence de deux sphères complémentaires : celle du public et du politique et celle du privé et de l’intime. Si cette idée n’était pas entièrement nouvelle, plus importante cependant était l’affirmation que ces deux sphères correspondaient à une division de la société en termes de genres : seuls les hommes pouvaient prétendre austatut de citoyen indispensable aux activités de la sphère publique,tandis que les femmes, vouées à la reproduction par leur « nature »biologique, étaient confinées à la sphère privée. Si récemment deshistoriens ont démontré que cette conception des deux sphères ne correspondait que très partiellement à la réalité (même à l’époque desphilosophes du contrat social), ils admettent néanmoins que celle-ci a servi de cadre conceptuel et idéologique pour fonder en théorie un ordresocial justifiant la domination d’un groupe sexué par un autre –idéologie qui n’a pas totalement disparu avec la participationcroissante des femmes à la sphère publique. Comme le dit la critique S.Walby : « Women are no longer restricted to the domestic hearth, but have the whole of society in which to roam and be exploited” (Theorising Patriarchy, 1990).
Car, on le sait, la dichotomie public/privé a souvent servi de base à l’articulation d’autres couples d’oppositions comme culture/nature,rationalité/sentimentalité etc. dont la dimension sexuée est encore tenace dans la conscience collective et dont on notera que le premier élément est toujours connoté plus positivement que le second. A travers des œuvres de femmes-écrivains de langue anglaise du XVIIIème siècle à nos jours, nous verrons comment cette division spatiale des sphères de pouvoir a été intériorisée ou rejetée, quelles stratégies de compositionont permis de la contourner (en donnant parfois littéralement une formenon conventionnelle à l’écriture du texte sur l’espace figural de la page) ou comment les auteures se sont approprié cette notion pour la revitaliser et lui donner « a significance of their own ». On pense icien particulier à la façon dont les Américaines du XIXème siècle ont subverti le roman domestique en incorporant à sa trame très codée des sujets sociaux à portée nationale (à l’instar d’Harriet Beecher Stowe avec Uncle Tom’s Cabin).
Dans le roman anglais du XIXème, les auteures dénoncent, plus ou moinsexplicitement, un cloisonnement des sphères, qui confine les femmes au foyer ou aux tâches ingrates, tandis que les hommes ont accès à ce que George Eliot appelle « the male province of knowledge ». Jane Eyre,l’héroïne éponyme du roman de Charlotte Brontë, revendique, pour sapart, une égalité tant sociale qu’intellectuelle.
On examinera plus particulièrement les œuvres centrées sur les lieux defemmes : pensionnats, couvents, maisons closes, utopies féministes (comme dans Herland de Charlotte Perkins Gilman ou The Handmaid’s Tale de Margaret Atwood, par exemple), en se demandant quelle vision du monde elles proposent et si la structuration de l’espace qu’elles mettent enscène reproduit ou non des hiérarchies de pouvoir. Enfin, nous nous demanderons si le métier d’écrivain n’est pas lui-même un « lieu defemmes » permettant d’élaborer de nouveaux codes et de porter un nouveau regard sur les frontières mouvantes entre espace privé (l’écriture) et espace public (l’édition/l’œuvre publiée).
Les propositions de communications sont à envoyer *avant le 30 avril* à Claire Bazin, cbaz1@wanadoo.fr (domaine anglais et post-colonial) et Marie-Claude Perrin-Chenour, marie-claude.chenour@wanadoo.fr (domaine américain).
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