Ecrire et penser avec l’histoire à l’échelle du « monde » ?
Programme Littérature, histoire, politique
Séminaire CERILAC Paris-Diderot -Sorbonne Paris Cité
Ce séminaire transversal est conçu comme un lieu de discussions autour de travaux parus et recherches en cours. Tout en se donnant la liberté de composer à partir du présent et des circonstances éditoriales, et de passer du coq à l’âne comme d’une discipline à une autre, on poursuivra un questionnement spécifique, portant sur la teneur politique de la littérature aux prises avec une histoire collective à penser à l’échelle mondiale – celle-ci étant elle-même soumise à un questionnement critique. (Voir l’argumentaire détaillé plus bas.)
Le séminaire est d’entrée libre, ouvert aux étudiants comme aux chercheurs. Il se poursuivra en 2014-2015.
Sauf indication contraire le séminaire se déroule le 3e mardi du mois à 15h-17h en salle Pierre Albouy, Paris-Diderot –Grands Moulins, 5 rue Thomas Mann (Bâtiment C, 6e étage).
Programme 2013-2014 :
17 septembre 2013 : Autour du film Notre monde (2012) de Thomas Lacoste, avec le réalisateur et deux intervenants dans le film, Bertrand Ogilvie et Sophie Wahnich. Projection exceptionnelle du film à l’Escurial-Gobelins le dimanche 15 septembre à 11h
Les 4- 5 octobre 2013 : Colloque international Imre Kertész, éthique de l’art et forme d’existence, au Collège de France le 4 octobre (auditorium Marguerite de Navarre) et à l’ENS-Ulm (salle Dussane) le 5 octobre. Organisé par Lucie Campos, Catherine Coquio, Clara Royer dans le cadre d’un partenariat entre : le Cerilac-Paris-Diderot (P7), le CRECOB-Paris-Sorbonne (P4), le Cirphles-ENS-Ulm, le CERC et l’IRHF(P3), le Collège de France, la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, l’Institut hongrois, la MEL. Entrée libre. Contact : colloque.imrekertesz@gmail.com.
www.fabula.org/.../imre-kertesz-ethique-du-recit-et-forme-d-existence_5
ufrlac.lac.univ-paris-diderot.fr/.../PAGE_Event.awp?...Imre%20Kertész.
15 octobre 2013 : Autour de la parution sur le site de Fabula du collectif "Littérature et Histoire en débats" http://www.fabula.org/colloques/sommaire2076.php, issu du colloque international (Labex H2H) de janvier 2013 à Paris (Centre Malher, Archives Nationales, ENS-Ulm), avec une partie des contributeurs et les historiens du Groupe de Recherche Interdisciplinaire sur l’Histoire du Littéraire, (GRIHL-EHESS), Christian Jouhaud, Judith Lyon-Caen et Dinah Ribard. Attention cette séance se déroulera dans le bâtiment de la Halle aux Farines des Grands-Moulins, en salle C 227 (2 rue Marguerite Duras ou 17 esplanade Pierre Vidal-Naquet, 75013 Paris. Porte C, 2e étage)
19 novembre 2013 : Le « penser global » ou « l'histoire-monde » ? avec Patrick Boucheron (dir. L’Histoire du monde au XVe, 2009 ; L’Entretemps, 2012) et Lucie Campos (La Vie des idées, auteur de Fictions de l’après, 2011).
17 décembre 2013 : L’art à l'ère de la mondialisation. Contre-écrire l’histoire ? Avec Zahia Rahmani, écrivain et responsable du programme « mondialisation » à l’INHA, et Evelyne Toussaint (Univ. d’Aix-Marseille, auteur d’Africa Remix, une exposition en question, 2013 et dir. du collectif La Fonction critique de l’art, 2009).
21 janvier 2014 : Avec François Hartog autour du livre Croire en l'histoire, en présence de Claude Millet (revue Ecrire l’histoire).
18 février 2014 : L'après- Printemps arabe en Tunisie : "La ligne d'une tentative. Redeyef, Tunisie 2012-2013", avec Marianne Dautrey et Laurent Malone.
18 mars 2014 : La « question rom » posée à l’Europe : autour de la parution du collectif Tsiganes, nomades : un malentendu européen (C. Coquio et J.L. Poueyto éd.). Avec les responsables du volume, l’historienne Henriette Asséo (EHESS) et la linguiste Cécile Canut (Paris-Descartes ; sous réserve).
15 avril 2014 : Mondial, postcolonial : autour du collectif « Write Back » et de Postcolonial studies : modes d’emploi, avec Cyril Vettorato et Myriam Suchet.
20 mai 2014 : Discussion avec Marc Crépon, auteur de Le Consentement meurtrier.
17 juin 2014 : Espaces-temps de la mondialisation littéraire : avec Claude Mouchard et la revue Po&sie : « Temps du monde : la Corée » ; et Tiphaine Samoyault (Paris 3, CERC).
10 juin 2014 : Journée d’études : « L’Europe littéraire est-elle aujourd’hui ‘sexy’ ? »
Organisée à l’Inalco par Piotr Bilos et Frosa Péjoska dans le cadre d’un partenariat Inalco-Cerilac-Cerc (Salle précisée ultérieurement).
Argument : Préparant un discours pour le Festival international de Hambourg, Goran Stefanovski, dramaturge macédonien, se voit proposer par ses amis occidentaux un titre pour son intervention : "Pourquoi l’Est n’est-il plus sexy ? ». Perplexe, Stefanovski va se questionner sur le sens attribué au mot "sexy" par les Européens. Interrogation qui va le mener à rédiger un texte : « Fables du monde sauvage de l’Est. Quand étions-nous sexy ? »*. Dans ce texte, qui porte sur l’ex-Yougoslavie et qui vaut aussi, dans une certaine mesure, pour les ex-pays de l’Est, il tente d’établir les différences entre la mythologie de l’Est et celle de l’Ouest, entre deux récits fondamentaux. La rapide circulation et la popularité de ce texte paru dans de nombreux pays, révèlent l'importance de la question qui induit un clivage entre Est et Ouest fondé sur cette notion de « sexy ». Cette journée d'études a pour objectif de réfléchir sur ce clivage et sur sa possible disparition après la chute du mur. Est-ce à dire pour autant que l'Europe littéraire est « sexy »? Et quel sens revêt ce mot avant et après la fin des totalitarismes?
*Paru en 1999 en Macédoine et à Belgrade, en 2000 en Croatie, France, Allemagne, Royaume Uni, en 2001 en Slovénie, en 2004 à Amsterdam 2004, en 2005 en Macédoine et en France à nouveau, en 2007 en Pologne, en 2008 aux U.S.A. Publié en français dans le n°64 d’Alternatives théâtrales consacré au Festival d’Avignon 2000, L’Est désorienté. Espoirs et contradictions, puis, sur le souhait de l’auteur, avec sa pièce Hôtel Europa, traduit de l’anglais par Séverine Magois, Paris, Ed. L’Espace d’un instant, 2005.
Cf Frosa Pejoska-Bouchereau, « Goran Stefanovski : ‘ Fables du monde sauvage de l’Est. Quand étions-nous sexy ?’ », in Littératures de l'Europe médiane après le choc de 1989, Institut d'Etudes Slaves, 2011, pp.143-156.
Argument du cycle :
Dans le domaine de la connaissance historique on voit se développer d’un côté la « micro-histoire », de l’autre « l’histoire mondiale » ou « globale », qui, après la déferlante américaine, s’acclimate en Europe à la manière des études post-coloniales dix ans plus tôt : la question de « l’échelle » semble être devenue décisive pour les historiens, engendrant une dialectique entre le « local » et le « global » qui fait reprendre autrement le récit de tel phénomène ou événement, en diversifiant les sources et variant les points de vue, en faisant alterner le gros plan et le grand angle, le détail et le panorama.
La littérature, parce qu’elle traverse plus que jamais les frontières, n’échappe pas à cette question, mais cette dialectique s’y présente autrement, chaque œuvre s’élaborant à partir d’une langue et d’un lieu particuliers, ou d’une expérience de passage ou de déplacement – exil ou migration, bilinguisme…- qui, pour beaucoup, modifie les manières d’habiter et d’appartenir. Les débats critiques relatifs à l’idée déjà ancienne de « littérature mondiale » (Goethe) et de « philologie mondiale » (E. Auerbach), reformulée dans la « world literature » ou la « littérature-monde », interrogent forcément la relation du « local » au « mondial » à travers les œuvres. Or celles-ci sont autant de points de rencontre ou de conflits entre des mondes particuliers et partagés. C’est à travers ce pluriel et ce partage qu’une œuvre gagne sa teneur politique propre, qui lui fait formuler une certaine protestation contre l’abstraction et l’universel – ou aujourd’hui la « globalisation » comme gouvernance mondiale et uniformisation des vies.
On se posera à partir de là plusieurs questions :
- Existe-t-il un « monde » plutôt que des mondes irréductibles ? Que doit-il à la littérature et à l’art, à la différence des langues, à la particularité des histoires, à l’unicité des œuvres ?
- Qu’en est-il de la relation du local au mondial lorsqu’il faut penser les rapports entre art ou littérature et histoire, et leur caractère politique ?
- Lorsque « l’Histoire » devient une force d’aliénation ou d’écrasement dont il faut se sauver ou s’affranchir, quand par elle un lieu de vie se mue en lieu de mort ou d’enfermement, de quel secours devient l’idée de « monde » ? Une telle expérience infléchit-elle la politique du particulier propre à l’art ?
- Lorsque la violence politique ou économique produit une rupture anthropologique, qu’en est-il des mondes et du monde ? L’art ou la littérature a-t-il la mission et le pouvoir de refaire exister un monde ?
- S’il existe un « monde » particulier par ou pour la littérature ou l’art, quel sens politique peut-il avoir aujourd’hui? Celui qui proteste contre l’universel de la « globalisation », de qui peut-il se faire entendre et comprendre ?
- Quel sens a aujourd’hui la phrase de Hannah Arendt : "Les seuls à croire au monde sont les artistes. La persistance de l'oeuvre d'art reflète le caractère persistant du monde..." ?
Le séminaire tentera ainsi de mettre en relation trois pôles distincts de la réflexion contemporaine : le régime de la mondialité, l’écriture de l’histoire, la teneur politique de l’art.
Responsable : catherinecoquio@gmail.com Littérature comparée à Paris-Diderot, Cerilac.
Animation partagée avec Inès Cazalas (P7), Lucie Campos (Collège de France, La Vie des idées), Piotr Bilosz (Inalco), Frosa Péjoska (Inalco), Céline Barral (P 8/ P7), Asia Kovrigina (Paris 7). Ce séminaire, organisé dans le cadre du Cerilac et avec le soutien du CERC de Paris 3 (« Discomplit »1), reposera selon les séances sur des partenariats avec diverses institutions, associations ou revues : INALCO - La Vie des idées - Po&sie – Ecrire l’histoire – La Bande Passante… http://ufrlac.lac.univ-paris-diderot.fr/CERILAC_WEB/FR/PAGE_Axe.awp?P1=25
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