16 novembre 2013

Observatoire: enseignement de l'anglais dans l'université française

France Culture: "Soft Power" du 16 juin 2013
Frédéric Martel interroge Pierre Tapie, alors directeur de l'ESSEC, grande école de commerce et de management, à propos de la loi Fioraso qui prévoit des enseignements en anglais au sein de l'université française.




Pierre Tapie insiste en ouverture sur l'augmentation du nombre des étudiants, en particulier en Chine et en Inde, avec des infrastructures dans ces pays-là qui sont insuffisantes pour les accueillir. Ces étudiants deviennent donc des "étudiants mobiles", et l'enjeu est d'attirer en France et en Europe un maximum de ces étudiants le temps que durent leurs études. Une idée avancée est de proposer aux étudiants une formation en anglais, au moins dans les quelques premiers mois de leurs études en France. En effet, il faut éviter que la langue soit un handicap aux apprentissages. S'il passent deux années en France, on s'attend néanmoins à ce qu'ils maîtrisent assez la langue française pour suivre les cours en français dès leur deuxième rentrée.
Ce sont des étudiants qui, dans les Grandes Ecoles, peuvent constituer jusqu'à 40% des effectifs et qui font preuve d'une grande exigence pédagogique, ce qui, selon Tapie, profite à l'ensemble de la communauté éducative.

A l'Ecole Polytechnique, les cours sont majoritairement en anglais mais des cours de langue française sont également obligatoires. Un enseignant s'exprime et souligne l'enrichissement culturel que représente cette diversité, qui par exemple a donné lieu à des débats très intéressants sur la pauvreté dans le monde comparée à la pauvreté en France perçue par les étrangers. De plus, cet enseignant a exercé au Japon, où les mêmes questions du passage à l'anglais se posent alors qu'il n'y a pas d'étudiants étrangers. Les cours en japonais sont considérés comme pénalisants dans le cursus universitaire.

Jean-Philippe Cointet, jeune chercheur à l'INRA et ancien étudiant de Polytechnique, souligne lui aussi le bénéfice scientifique de ne pas utiliser sa langue maternelle dans la transmission des connaissances car cela force les locuteurs à simplifier, à aller directement à l'essentiel.

Frédéric Martel interroge Pierre Tapie sur le classement de Shanghai dans lequel la France est plutôt mal placée. Tapie conteste les mauvais résultats, et questionne plus globalement la morale politique de ces "rankings". Ce qui compte pour lui, ce sont bien sûr les débouchés professionnels, qui sont extrêmement favorables pour les étudiants ayant étudié en France.

L'émission se conclut sur l'interview d'Antoine Compagnon à propos de la loi Fioraso, lui qui avait mené un combat contre l'enseignement en anglais à l'université française. Pourtant, il s'exprime en faveur d'un enseignement de l'anglais, et en anglais dans le supérieur, afin de rendre les universités plus attractives. Mais un risque serait de faire basculer complètement certaines disciplines à l'anglais. Un amendement de la loi est approuvé par Compagnon: les cours obligatoires de français (langue et culture) pour tous les étudiants étrangers et nécessaires à la validation du diplôme.


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